4 JOURS 5 NUITS

« C’est amusant que nous nous rencontrions ici, nous nous sommes peut être croisé dans les rues de Pouilly, voir même à ma boutique par le passé, et puis là, un blog sans rapport ni avec notre lieux de vie ni nos activités actuelles et nous nous trouvons voisins.. Où êtes-vous au juste ? »
Je relançais ce dialogue sur cette étrange rencontre.
Quoi d’original me diriez vous, il y en a tant d’autres…
Oui mais nous ne sommes pas à Paris, un gros village ce n’est pas plus de mille habitants, une ville, 5 ou 6000. De ce fait trouver son voisin tiens du miracle dans l’immensité du web. Surtout quand le sujet du blog n’a aucun rapport avec la région.. Il ne s’agit pas pour elle d’évoquer le coté bucolique de la région versus sa profession plutôt exercée dans les quatre ou cinq étoiles du globe mais bien de relater d’une façon un peu crue son exercice quotidien.

La messagerie ne mit pas longtemps à m’afficher la réponse de la charmante dame,
« 20 kms je pense, vous allez me faire brûler de l’intérieur Monsieur de V. »
Ou bien elle sur joue, ou bien elle sait allumer le désir d’un seul coup cette Saé…
Présumant de ses compétences dans l’art d’amadouer le client, je vote pour la seconde solution, femme d’amour est-elle, femme d’amour elle reste, même si pour l’instant mes messages n’évoquent en rien un désir de consommer… une envie de séduction naturelle ? Un besoin de parler... Son blog n’évoquant qu’un bref aperçu de sa vie, mélange de vie de famille monoparentale, comme de nombreuses mamans et de sexe, explicite…
Je me perds en conjectures, et propose par retour dans le dernier message public une communication en privé, peu convaincu que mon héroïne du moment accepte ainsi si facilement le dialogue...
Il y a des moments où la grâce plane sur la tête et la félicité aussi, ma boite aux lettres personnelle se rempli presque par retour d’un premier message.
Poli, banal et cadré.

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« Bonjour Monsieur de V (Valmont ?)

Comme je vous l'ai dit, je ne suis pas une habituée des blogs, ni des conversations privées. A part mon activité de call-girl, qui je l'avoue n'est pas sage, je mène une vie très sage avec mon fils et mes amis. Oui, c'est assez étonnant, nous sommes voisins. Pour l'instant, permettez-moi de ne pas vous dire où je vis. Je suis assez méfiante, j'ai besoin de faire confiance pour me livrer. En fait, je ne sais pas pourquoi je vous réponds, et vous pourquoi souhaitez-vous un dialogue privé ?
Cordialement
Saé »

Je perçois assez succinctement la méfiance de ma correspondante mais en même temps une petite lumière s’allume… Une étoile me guide, je me fends d’une réponse provocatrice. Son texte tout ce qu’il y a de plus correct me laisse à penser qu’il y aura une suite, encore plus chaude, plus enivrante. Les images accompagnants le blog sont léchées, sophistiquées et évoque un univers à la fois luxueux, sensuel et plutôt raffiné.
Un ensemble qui titille mon cerveau, par sa volupté, sa grâce…
J’ai toujours eu envie d’approcher ces dames, pas par le côté client mais simplement par le côté humain.
Que pensent-elles lorsqu’elles s’offrent ?
Quels sont leurs amours à la maison ?
Là, une d’entre elle évoque ouvertement l’envie de parler d’elle, de son fils de ses amis…
L’occasion est trop belle, trop forte... Je me pose sur mon clavier et commence un dialogue qui durera près de 600 messages en 4 jours et presque 5 nuits...

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« Bonsoir Lisa...

Je crois qu'officiellement c'est votre prénom, non ?
Merci de répondre en privé, je pense qu'en étant voisins, le dial même bref n'a pas d’intérêt pour les autres lecteurs... En plus au final vous risquez de donner aussi des indications perso à des lecteurs anonymes... Cela peut vite arriver en croisant les infos sur le net.
Si je suis votre "voisin" je ne suis peut être pas le seul...
En même temps si le hasard d'une lecture nous mène à dialoguer c'est que le hasard en avait envie.
Il est toujours amusant de savoir qu'à quelques kilomètres de soi, il existe des « personnages particuliers » qui comme moi n'ont pas la même morale que les autres...
Sans être une "personnalité", je déteste la banalité... Peut être que la lecture de votre blog me titille avec tout le côté « sulfureux » qui l'entoure... Vôtre intérêt supposé pour le bdsm m'a fait aussi tiquer... D'où cette naissante relation épistolaire..

A vous lire si vous le souhaiter !
Je vous en dirais plus sur moi si d’aventure cela peut avoir un quelconque intérêt...
Le hasard pourrait aussi nous faire nous croiser dans la vraie vie..

A bientôt. »

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Oui, je suis Lisa, en Bourgogne, et Saé dans une autre vie. Je me suis déjà dévoilée (malgré une légère méfiance de ma part) plus que vous, Monsieur, vous ne l'avez fait. 

Tiens, avez-vous un blog ?
Je crois que Lisa vous intéresserait peu, elle est très simple : elle s'occupe de son ado. Elle retrouve ses amis. Elle n'a aucune famille.
Saé vous intéresse beaucoup plus, il me semble. Mais c'est aussi moi. Je suis une pute de luxe, je n'en tire aucune gloire, ni aucune honte. C'est comme cela. J'ai eu cette opportunité, j'étais un peu jolie, voilà. J'aurais pu être traductrice, travailler dans une entreprise, j'ai choisi de vendre mon corps. Et souvent mon âme.
Je ne sais pas pourquoi je vous raconte cela. Je n'ai pas parlé de mes fantasmes, je crois, je n'ai parlé que des fantasmes des hommes quand ils voient Saé. C'est un peu différent.
Je crois que c'est Lisa qui raconte, voilà peut-être pourquoi c'est un peu sophistiqué. Mais je n'en avais pas conscience.
Voilà, encore un peu de moi, je suis heureuse que cela vous plaise un peu.
Lisa

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Bonjour, bonsoir..
Que sais-je de l'heure où vous lirez !
Oui je ne me suis que peu dévoilé, en même temps, je ne sais pas si je dois me présenter à Lisa ou à Sae.
Sae me fait rêver, Lisa m'attire par son côté Sae mais aussi par son côté Lisa...
Qui est derrière en fait ?
Moi aussi j'ai une famille réduite, ou plutôt très peu présente...
Je ne fais pas rêver je pense, on est tous un peu schyzo, vous peut être plus par vos deux facettes car l'une est secrète, l'autre est enjolivée de fait...
Je ne vous dis pas tout de moi, non, et vous me dites déjà deux fois que vous ne savez pas pourquoi vous me parlez... Amusant..
Laissons un peu de mystère..
Quelque part nous sommes très entouré mais un "petit" secret nous "isole" si je puis dire...
Enfin ceci est un peu de la psycho de comptoir, mais j'y suis professionnellement habitué. Nous dirons donc déformation professionnelle...
Sinon, oui et non je parle de fantasmes... Pourquoi Lisa n'en aurait elle pas ?
J'essaye de faire à manger quelques choses que tout le monde ne va pas faire chez soit, mais un jambon purée peut me satisfaire... En même temps je ne vous imagine pas en jogging tong ... (quoique.. ? :-) )
Je suis devant Sae comme un peu devant une princesse de petite fille, oui elle me fait fantasmer, mais en terre à terre que je suis, je me dis qu'il y a Lisa derrière...
En plus elle n'est pas bien loin...
C'est une autre façon de voir les choses, toucher du bout du clavier tout en sachant que la grosse voiture devant moi est peut être la votre...

Laissons un peu de mystère... »

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En l’espace d’une petite journée, ma boite mail s’emplissait de longs messages, tous écrits avec un soin particulier, détaillant avec force l’univers entourant la petite Lisa depuis la perte de ses parents, le pensionnat pour enfants riches, où elle découvrit sa sexualité « grâce » au directeur et son attrait pour moi.. Ma vie mon œuvre…
Je pestais contre le temps qui passait si vite, les clients à servir en ce début de mois d’aout… Bref, je redevenais en l’espace de quelques heures un parfait ado en pleine découverte du sexe opposé, des ses mystères mais aussi de ses promesses…
Le milieu de la nuit était atteint avec une vitesse prodigieuse, ma correspondante me quittait alors pour se reposer et moi, je continuais seul à détailler ses mails et à lui répondre…
Je me lançais dans la création d’un nouveau personnage, indispensable pour réunir en un lieu en un moment cette femme, superbe à n’en pas douter, grande, longiligne…
Sans lui en avoir parlé auparavant, j’avais face à moi, la femme, que dis-je, ma femme parfaite… Celle dont je rêvais depuis si longtemps, cette femme, femme, amante, perverse, initiée aux choses de l’amour, maîtresse noble ou sulfureuse…
En même temps je me sentais tout petit.
Qu’allais-je pouvoir apporter à cette personne ?
Matériellement nos échanges n’évoquaient pas qu’elle puisse être dans un quelconque dénuement, ni dans le besoin… Elle était établie, héritière, et même si son âge un peu avancé pour sa profession, ces messieurs adore la chaire fraiche et elle est nombreuse semble t’il dans les agences Genevoises, la font moins solliciter que par le passé, elle bénéficie de sa clientèle de fidèle qui l’apprécie…
Alors j’appuyais sur le seul élément qui semblait faire défaut à sa vie… Point commun qui tombait bien, l’absence de l’autre… Des autres yeux des autres mains… Un autre corps, pour tenter de briser la carapace qui entoure les call-girls ou Escort de longue durée…
J’avais aussi consulté ma littérature sur le sujet, les éléments communs à toutes étaient basés sur l’isolement, le mensonge à l’entourage tendant à annuler toute vie sociale honnête. Sans compter que si dans le monde de l’entreprise, le chacun pour soit prend une considérable avance, chez les call-girls il est de mise au départ. Pas évident de parler à ses collègues… D’ailleurs y en t’il…
Je finissais ma série de lecture par la création de Lisaé, celle qui allait changer beaucoup de choses en très peu de temps pour moi.